Extension du peuplement berbère en Afrique du Nord
Extension du peuplement berbère en Afrique du Nord
a principale composante ethnique de l'oasis de Figuig est l'élément Berbère. Ce terme est de création occidentale, étant issu du grec barbaros, désignant les "Barbares". La locution correcte serait Amazigh(pl. Imazighen) qui signifie sans doute "homme libre". L'origine de ce peuple a depuis des siècles fait l'objet d'intenses discussions et polémiques, dont le principal travers fut d'avoir trop longtemps cherché à leur trouver des origines extra-africaines. Or, loin d'être une peuplade "importée" du Proche-Orient ou de Scandinavie, les Imazighen sont la population autochtone de l'Afrique du Nord et ce, depuis la Préhistoire. Par la suite, les Anciens les ont désignés sous les noms de Libyens, Numides, Maures, Gétules ou Garamantes, selon des critères géographiques qui rendent mal la diversité de cette mosaïques de peuples unis par l'usage de la langue amazighe. Celle-ci varie d'un lieu à l'autre (à Figuig, l'on note même des différences d'un ksar à l'autre), mais elle reste le dénominatif commun de groupes humains aussi divers et variés que les Chleuhs, les Rifains, les Brabers, les Zénètes, les Masmoudas, les Sanhajas, les Chaouis, les Chenouis, les Kabyles, les Mozabites, les Matmatis, les Touaregs, les figuiguiens, les Siwis, les Rguibats, les Ketamas, les Branès, les Maghrawas, les Ifrens ou les Guanches, dont la présence s'étale des îles Canaries au delta du Nil.
Pour en savoir plus sur l'origine des Berbères, je vous renvoie aux travaux de Gabriel Camps, dont ce très bonarticle.
A Figuig, l'on distingue deux types de peuplement berbères: l'un, originel, composé de Zénètes et qui fut renforcé avec le temps par l'arrivée d'autres groupes; un autre, constitué de Sanhajas , arrivé vraisemblablement lors des conquêtes Almoravides, a donné son nom au de.
Les Berbers
Les Zénètes
Les Sanhajas
Généalogie des Berbères selon Ibn Khaldoun
Les Ouled-Sidi-Cheikh
Les Ouled-Sidi-Cheikh
ORIGINE:
Les Ouled-Sidi-Cheikh sont une grande famille maraboutique, issue d'un wali de Figuig, basée au ksar d'El-Abiodh (Algérie) fondée par son éponyme. Ils furent de tous les combats, de toutes les révoltes contre l'occupation française au XIXe siècle, menés par des chefs prestigieux comme Si Sliman ben Hamza, son frère Mohammed ou bien le marabout Bou-Amama d'El-Hammam-Elfogani (Figuig). Cette famille tient son prestige de ses aïeux, Sidi Sliman ben Bou Smaha, célèbre Pôle soufi du Sahara, dont la koubba est encore visible à Beni-Ounif, et son fils Sidi Cheikh. Leur prestige fut tel que leurs descendants purent se comporter comme des princes du désert pendant deux siècles et aujourd'hui encore, leur confrérie (tariqa Cheikhiyya ou Bouchikhiyya) compte de nombreux adeptes de par le monde. Je vous renvoie à l'article sur cette confrérie dans la section "Marabouts".
GENEALOGIE:
Les Ouled-Sidi-Cheikh se disent chorfa Boubekri, c'est-à-dire qu'ils rattachent leur généalogie à Abou Bakr as-Siddiq, proche Compagnon (Sahaba) et beau-père du Prophète, ainsi que premier Khalife de l'Islam (632-634). La tradition familiale des Ouled-Sidi-Cheikh s'organise comme suit:
Abdelkader Sidi Cheikh ibn Sidi Mohammed ibn Sidi Sliman ibn Sidi Bou Smaha ibn Sidi Ben Haïa ibn Sidi Aïssa Bou Lila ibn Sidi Maâmar ibn Sidi Sliman ibn Sidi Saâd ibn Sidi Akil ibn Sidi Hermet Allah ibn Sidi Askar ibn Sidi Zaïd ibn Sidi Ahmed ibn Sidi Aïssa ibn Sidi Taoudi ibn Sidi Mohammed Chabih ibn Sidi Aïssa ibn Sidi Zidane ibn Sidi Yazid ibn Sidi Toufil ibn Sidi El Madi ibn Sidi Azeraou ibn Sidi Sofiane ibn Sidi Mohammed ibn Sidi Abderrahmane ibn Abou Bakr as-Siddiq.
FRACTIONNEMENT:
OULED-SIDI-CHEIKH CHERAGA
Ouled Sidi El Arbi
Ouled Sidi el Zeghem
Ouled Sidi Tahar
Ouled Sidi Mahi Eddin
Ouled Sidi Bounouar
Rahmena
OULED-SIDI-CHEIKH-GHARABA
Ouled Sidi Abdelhakem
Ouled Sidi Mohammed Abdallah
Ouled Sidi El Hadj Ahmed
El Merâsla
El Ma'bda
Ouled Sidi Ben Aïssa
Ouled Sidi Tadj
Ouled Sidi Brahim
Ouled Ben Bou Saïd
Ouled Aziz
Ouled Sidi Sliman
Les invasions Hilaliennes (XIe siècle)
Les invasions Hilaliennes (XIe siècle)
'on ne va pas entrer dans le détail de l'origine et l'histoire du peuple arabe entier, cela n'est pas notre propos mais juste présenter succinctement comment ces populations ont colonisées les confins algéro-marocain. La conquête musulmane de l'Afrique du Nord (VIIe- VIIIe s.) ne fut pas suivie d'une émigration en masse des tribus de la Péninsule Arabique, tout juste une partie de l'aristocratie guerrière qui exerçait son commandement sur des troupes recrutées localement. Ce n'est qu'au XIe siècle que l'on assistera aux invasions Hilaliennes qui changèrent à jamais la physionomie du Maghreb.
Les Beni-Hilal étaient une tribu arabe réputée pour ses déprédations. Ayant émigrée en Egypte, le Khalife Fatimide du Caire s'empressa de les "parquer" en Haute-Egypte. A cette époque, le monde musulman était divisé entre deux Khalifats rivaux : celui de Baghdad (dynastie 'Abbaside) garant de l'orthodoxie sunnite ; et celui du Caire (dynastie Fatimide), fer de lance du chiisme. Les émirats indépendants qui fleurissaient à travers tout l'ancien Empire islamique revendiquaient une allégeance toute nominale à l'un ou à l'autre de ces pôles ennemis. L'Ifriqiya (Tunisie actuelle) était régie par une dynastie Zénète – les Zirides – qui reconnaissait l'autorité religieuse du Caire, mais en 1045, l''émir al-Mu'izz ibn Badîs, rompit tout lien avec les Fatimides et proclama son allégeance envers le Khalife de Baghdad, plus éloigné. Le Khalife d'Egypte, pour se venger de cette sédition, prit la décision de donner tout le territoire Ziride en fief (iqta') aux tribus Beni-Hilal, Beni-Soleim et Beni-Maâqil se débarrassant d'un coup d'un vassal infidèle et de tribus trop turbulentes. Selon François Decret, ce seraient 50.000 guerriers suivis par 200.000 personnes qui déferlèrent alors sur le Maghreb. Après avoir écrasé les Zirides, les Bédouins se tournèrent contre les autres principautés berbères, mettant fin aux émirats Hammadides et Ifrenides. La riposte berbère s'organisa sous la férule des Almohades, qui les soumit un moment, mais lors des luttes de succession qui ne tardèrent pas à apparaître, les divers princes Almohades prirent l'habitude d'employer ces fiers Arabes dans leurs armées, en faisant l'arbitre des crises politiques qui secouaient sans cesse la région.
La pénétration arabe ne se fit pas d'une traite, elle fut longue et diffuse. Les tribus Hilal, Soleim et Maâqil se divisèrent en de multiples fractions qui s'occupèrent chacune d'une région du Maghreb, avançant et reculant au gré de la fortune de leurs armes, des alliances du moment, et se faisant accorder par les princes locaux des terres en iqta' pour leurs bons et loyaux (mais néanmoins intéressés) services. L'Oranie fut envahie par une fraction des Beni-Hilal, les Amer-ibn-Zoghba qui, lentement, s’avancèrent vers le sud. Selon El-Hachémi ben Mohamed "ils occupèrent toute la région jusqu'aux Beni-Goumi (Taghit). Ils cultivèrent tous les maâders de Aïn-Sefra au Guir. Ils fondèrent aussi, autour de Figuig, un certain nombre de ksour, aujourd'hui disparus : Mezzougha (Teniet Sidi Youssef), Aghlal (Defilia), Tmegherden (Oued El Hallouf), Djenan ben Harris, Fendi, Bou Yala, Noukila, Nakhlet ben Brahmi, El Aouedj, Mélias. "
Toujours selon le même, il supportèrent les Oudaghir dans leur lutte contre les Sanhajas de la plaine, laissant leur nom au cimetière d'El-Oudaghir. Suite à la défaite de leur coalition, ils firent appel au Sultan qui envoya un nouvel élément arabe dans l'oasis : les Jaber, tribu guich hilalienne, qui contrôlèrent la source d'Aïn-Tzaddert jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Quant aux Amer ibn Zoghba, ils disparurent de Figuig même, selon la légende suite à une malédiction d'Ahmed ben Mejdoub ben Slimane ben Bou Smaha, mais les différentes fractions qui nomadisent à l'extérieur de l'oasis sont encore bien présentes, toujours sous la forme de grandes confédérations tribales.
Nous donnons ici le fractionnement de chacune d'elle. Attention! Les confédérations se sont avant tout formées par l'agglomération de divers groupes mûs par les hasards de l'Histoire, des déplacements de différents clans. Les parentés affichées chez les Arabes, même si elles sont plus strictes que chez les Berbères ou les sédentaires, n'en restent pas moins des parentés symboliques destinées à s'affirmer une histoire et un destin communs.
Tribus Arabes de la région de Figuig
Les Amour
Les Beni-Guil
Les Doui-Menia
Les Hamyan
Les Ouled-Djerir
Les Ouled-Sidi-Cheikh
Les Beni-Guil
Fractionnement:
Beni-Goummen
Ouled Brahim
Ouled M'hammed
Ouled Taleb Mohammed
Ouled Sliman
Ouled Ali ben Brahim
Ouled Abderrahman
Ouled Ali bel Hassan
Ouled Taleb
Ouled Kassou
Ouled Bouarfa
Ouled Ghamdane
Ouled Ali
Ouled Abderrahman
Ouled Bouziane
Ouled Abdelkader
Ouled Chaïb
Ouled Abdelkader
Ouled Ali
Zareg
Ouled Farès
Ouled Mohammed
Ouled Mohammed
Ouled Abderrahman
Ouled Azzi
Ouled Bouazza
Ouled Mbarek
Ouled M'hammed
Ouled Mohammed ben Ahmed
Ouled Mbarek
Ouled Bel Hassan
Ouled Bel Hassan (Ouled Djilali)
Ouled Ali
Ouled Ahmed ben Abdallah
Ouled Abdallah ben Ahmed
Ouled Amar
Ouled Ali
Ouled M'hammed
Ouled Mejdoub
Ouled El Mouloud
Ouled Messaoud
El Alaouna
Ouled Abid
Ouled Bennacer
Beni-Ghomaracen
Ouled Youb
Ouled Belkacem
Ouled Ben Amar
Ouled Ben Ali
Ouled Ghelane
Ouled Belkacem
Ouled Mbarek
Ouled Boufaïda
Ouled Ahmed
Ouled Ahmed Ben Ali
[?]
Ouled Bedda
Ouled El Aredj
Ouled Bou Melifa
Ouled M'hammed Ben Bedda
Ouled Slama
Ouled Jaber
Ouled Abdallah Ben Jaber
Ouled Mohammed Ben Jaber
Ouled Ben Tahar
Ouled Dahman Ben Jaber
Ouled Rahou
Ouled Ber Rahou
Ouled Hadji
Ouled El Amouri
Ouled El Amouri
Ouled Abdallah
Ouled El Meddah
Ouled M'hammed Bennacer
Ouled M'hammed Bennacer
Ouled Mohammed
Ouled Ben Abbou
Ouled Amama
Ouled Amama
Ouled Ben Amama
Ouled Ouali
----------> Ouled Ali Ben Yacine
Ouled Hammadi
Ouled Ghamdan
Ouled Aïssa
***
OULED SIDI ALI BEN BOU CHNAFA
(tribu chorfa mêlée aux Beni-Guil):
Ouled Gheziel
Ouled Messaoud
El Guetaïat
Ouled Moussa
El Aomer
Ouled Youssef
Ouled Yacoub
Djebabra
Ouled El Bachir
Djemoula
Ouled Bouras
Ouled Sidi El Hadj Ali
El Cheretat
Negazga
Chelafa
Ouled Sidi Amer
El Kerenga
El Hameïmat
Ouled Bou Chnafa
Touhama
Regâa
***
OULED NASSER
(tribu mêlée aux Beni-Guil):
El Ozalcha
Ouled Taleb
Ouled Ber Rahou
Ouled Rezzouz
Ouled Ali
Ouled Ali
Ouled Ben Abbou
El Kerari
Ouled Abbou
patrimoine culturel
Les composantes culturelles
La patrimoine culturel actuellement conservé porte surtout le cachet de la
période islamique. Des maisons et des mosquées séculaires construites en terre
séchée côtoient avec le célèbre minaret octogonal pierreux de l’époque mérinide.
De même, les vestiges d’anciens qsour et hameaux désertés ou détruits subsistent
encore tout comme les mausolées et les bibliothèques des marabouts et des
savants dont les œuvres et les documents manuscrits ont été pillés ou accaparés.
Seul le sort d’une faible portion de ceux-ci a échapp
é à la perte, mais conservés soit chez des particuliers souvent » anonymes
« , soit dans des musées nationaux et internationaux même, comme celui de
Berlin.
![aabidat arama aabidat arama Le patrimoine culturel]()
Habitat et mutations socio-spatiales
L’habitat de Figuig se caractérise par son ancienneté et donc par son
originalité. Il est de type fixe à usage permanent. Groupés sous forme de qsour,
les habitations traditionnelles se sont implantées à l’origine près des points
d’eau. Il s’agit des rives de l’oued Zousfana, unique cours d’eau pérenne
passant près de l’oasis et des nombreuses sources habilement exploitées pour
l’irrigation.
À l’exception du qsar de Zénaga implanté en plein cœur de la palmeraie, les
autres qsour sont tous bâtis en amont des sources, laissant tout terrain
irrigable aux cultures. Les anciens hameaux de l’oued Zousfana auraient été
délaissés par leurs habitants contraints par l’insécurité à intégrer les
qsours.
La physionomie de l’habitat actuel reflète une évolution par étapes bien
distinctes. Dans le passé, l’insécurité due à la fois aux conflits entre
qsouriens sédentaires confédérés et tribus nomades et aux différends qui
opposaient les différents qsour voisins fut à l’origine des groupements des
demeures des populations à l’intérieur des enceintes entourant chaque qsar.
Actuellement, il ne subsiste que de rares vestiges de ces enceintes relayées par
des tours de gardes érigées aussi dans des jardins.
L’éclatement des qsours
en faveur d’une expansion de l’habitat extra-muros débute dès l’instauration du
pouvoir colonial avec une administration locale. Ainsi, l’extension de l’habitat
se propage surtout sur les terres incultes sans totalement épargner les jardins
cultivés.
L’habitat traditionnel de Figuig possède les caractères spécifiques
auxquels la rénovation porte des atteintes parfois profondes. La maison
traditionnelle est constituée d’un grand nombre de pièces disposées autour d’une
cour centrale encadrée de préaux en colonnes et arcades ouvertes. Elle est
habituellement construite en briques de terre séchée et de bois de palmiers,
pour des besoins de climatisation par isolation thermique, vu la continentalité
du prononcé du climat froid l’hiver et chaud l’été. Les pierres ne sont
utilisées en général qu’à la base des murs pour les protéger des dangers des
eaux ruisselantes. Les maisons ont habituellement un étage, voire deux, et
abritent hommes et bêtes. Elles sont contiguës et desservies par un réseau de
rues et de ruelles en partie couvertes, augmentant ainsi la surface habitable
des demeures et offrant l’abri aux usagers de la voirie. Un nombre grandissant
d’habitations est restauré ou rénové mais avec des matériaux modernes: béton,
fer et bois importés, ce qui ne se fait pas sans problèmes.
Les
caractéristiques architecturales et urbanistiques locales et traditionnelles
risquent de s’estomper graduellement dans un paysage criard associant toutes
sortes d’influences étranges liées en partie à l’impact de
l’émigration.
Ainsi, au cours des trois dernières décennies, l’habitat
traditionnel connut une véritable mutation avec l’élargissement des ruelles qui
demeurent non carrossables en général et l’utilisation systématique des nouveaux
produits de construction, dont le béton armé et les briques en ciment, dans la
plupart des cas, sans changement notable de l’organisation interne des maisons.
Il s’agit là d’un impact, limité mais « prometteur », de l’émigration
internationale de travail par le biais de transferts financiers grandissants.
Les mutations en cours risquent de compromettre l’avenir du patrimoine local,
faute de protection, et en absence d’un contrôle des aménagements souvent mal
orientés.
À Figuig, la société était quasi-fermée. L’endogamie était la règle
à l’intérieur de chaque qsar. Les rivalités entre les qsour surtout contigus
empêchaient parfois l’établissement des moindres rapports, et renforçaient en
revanche les liens entre les habitants d’un même qsar dont l’entité n’a rien à
voir avec la tribu sensu-stricto. Les problèmes des ressources en eau étaient
toujours à l’origine des conflits historiques sanglants entre les
qsour.
L’ouverture de l’oasis sur le monde moderne par le biais de la
colonisation, de l’émigration et l’attachement étroit au pouvoir central, a
suscité des mutations socio-spatiales d’ampleur considérable: le pouvoir
traditionnel de la « James »" (collectivité) ne règne plus, les rivalités sont
du moins atténuées ou oubliées, le mode de vie a changé, l’artisanat est en
déclin jusqu’à même menacer les tissages lainiers de réputation
historique…L’investissement des transferts monétaires des émigrés dans les
secteurs de logement et d’agriculture à Figuig ralentit sensiblement au profit
de nouveaux secteurs d’investissement dans les grandes villes marocaines.
PRUDENT