aljama3a assolalya hammam elfougani

« Je n’hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l’islam et représentent une menace grave pour l’ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs ». C’est avec ces mots que le ministre français de l’Intérieur, chargé des Cultes, Manuel Valls s’est adressé aux musulmans de France,  depuis la Grande mosquée de Strasbourg qu'il a officiellement inaugurée ce matin.

Ces déclarations interviennent quelques jours seulement après la polémique qui a suivi la publication des caricatures du prophète Mohamed par Charlie Hebdo. Samedi, des femmes voilées qui se trouvaient sur la Place du Trocadéro avaient été délogées par la police. Des sources policières avaient affirmé que ces dernières ne respectaient pas les interdictions relatives à la tenue de toute manifestation de protestation, alors que certaines d’entre elles n'étaient que des touristes.

« Ceux qui veulent s’en prendre à nos valeurs » ne sont pas les bienvenus

« Les prédicateurs de haine, les partisans de l’obscurantisme, les intégristes, ceux qui veulent s’en prendre à nos valeurs et à nos institutions, ceux qui nient les droits des femmes, ceux-là n’ont pas leur place dans la République. Ceux qui sont sur notre territoire pour défier nos lois, pour s’en prendre aux fondements de notre société n’ont pas à y rester », a affirmé Valls. « Le racisme, le fondamentalisme, ce n’est pas cela l’islam », a assuré le ministre avant de saluer « la sagesse des responsables du culte musulman» ayant appelé leur communauté au calme et le « discernement, la maturité dont ont fait preuve les musulmans de France » face à ces provocations.

« Pour être Français, ou pour vivre en France, nul besoin de renoncer à pratiquer sa foi ou de renier ses origines », a tempéré le ministre. Valls a, par ailleurs, estimé qu’il était « temps que l’islam de France prenne pleinement ses responsabilités et s’organise », en allusion aux disfonctionnements que connait actuellement le Conseil français du culte musulman (CFMC), après la démission de la Grande mosquée de Paris, proche de l’Algérie, et de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans. Valls s’est également dit favorable à ce que l’Etat commence à traiter des « vrais problèmes » tels que le financement des mosquées ou encore la formation des imams.

3 900 000 euros apportés par le Maroc

Outre Manuel Valls, plusieurs autres personnalités politiquent ou religieuses venus du monde entier ont assisté à l’inauguration de la Grande mosquée de Strasbourg. Une délégation marocaine conduite par le ministre des Habous et des Affaires islamiques Ahmed Taoufiq a fait le déplacement. Le Maroc a, en effet, participé au financement du lieu de culte, à hauteur de 3 900 000 euros, soit 37% du budget total.

Dotée d’une capacité d’accueil de 1500 personnes, la Grande mosquée de Strasbourg  est désormais la plus grande de France, devant la mosquée d'Evry, note l’AFP. « Ce projet a traversé pas mal d'épreuves, mais il a fini par aboutir. Les gens sont contents d'avoir un lieu digne pour prier, cela renforce notre sentiment d'appartenance totale et définitive à la communauté nationale », a confié Saïd Aalla, président de l'association chargée de la gestion de la mosquée. Cette dernière avait, en effet, ouvert ses portes à deux reprises pendant le ramadan, sans que les travaux soient totalement achevés. En plus de la Grande mosquée, trois autres lieux de cultes musulmans sont actuellement en cours de construction à Strasbourg.