aljama3a assolalya hammam elfougani

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Jamal, l’artiste

Par cet entretien réalisé avec cet artiste, le journal figuignews.com espère contribuer à mieux faire connaître ce peintre, sculpteur…  qui reste peu connu même si l’on peut voir ses produits « souvenirs de Figuig » dans plusieurs boutiques de la ville de Figuig.

Figuignews.com 2012

Jamal, ph. Figuignews.com

Je suis Jamal O’Abdelhak ou Jamal-Eddine Abdelhak. J’habite l’ancien ksar d’At Yimal limitrophe du ksar Loudaghir. Je suis né en 1962 dans la ville d’Azrou où  travaillait feu mon père. J’ai trois frères et quatre soeurs. J’ai fait mes études jusqu’à la première année du lycée.  Tout jeune, je m’intéressais au sport et aux arts plastiques. Je suis en toutes choses autodidacte. Je lisais, m’instruisais et m’informais tout seul. J’ai exercé plusieurs travaux mais les conditions un peu difficiles par lesquelles je suis passé m’ont barré la route.

Mon défaut est que je ne peux pas exercer pour longtemps un même emploi. Cependant cela peut se révéler aussi comme un avantage ou comme une qualité qui m’a permis de découvrir plusieurs mondes et bien des nouveautés. Dans ma journée, je ne suis pas très régulier : je me lève tantôt très tôt, tantôt, tard. Je n’aime pas bien d’être contraint de quoi que ce soit.

Chez Jamal !

Les débuts et le gagne-pain

Avec l’art, je me souviens, tout petit, quand je m’amusais avec de l’argile et je confectionnais de petits animaux domestiques. Je jouais aussi avec des fils de fer et je fabriquais mes jouets d’enfance.

Au début de ma carrière, je travaillais avec le crayon et je copiais et recopiais des travaux d’artistes puis je suis passé à la composition. Après mon retour à Figuig, j’ai monté un atelier et j’ai entamé le travail avec le bois de palmier (tiqechbet) puis j’ai pensé à faire des porte-clés pour gagner un peu ma vie.

Souvenirs de Figuig.

J’ai décidé de ne vivre que de mon art même si ce n’est pas aisé. C’est un choix contre lequel je ne peux rien.    Je n’arrive pas très bien à gagner ma vie avec mon art et je me trouve de temps en temps entrain d’exercer dans le bâtiment. Mais il faut dire que je me retrouve dans l’art et nulle part ailleurs. Ma nature me pousse à ne faire que ça. Le détail me séduit. J’ai fait un peu de sculpture, un peu de peinture sur tissu, sur bois, sur métaux, … J’ai travaillé un peu le mordançage. J’ai travaillé un peu de l’aquarelle…  J’ai peint la nature, le paysage : le coucher de soleil, les montagnes, l’aurore, les lumières… J’ai peint également des compositions abstraites. Aujourd’hui, je m’exerce sur le paysage marié à l’abstrait que j’apprécie bien.

J’ai fait de la musique mais je n’y suis pas allé très loin. Je jouais le luth. Je ne pratique guère la musique toutefois j’aime très bien l’écouter. Il faut dire que j’ai étudié un peu de solfège mais je n’ai pas eu la chance de continuer dans ce domaine.

Un tableau de Jamal

Une conception de l’art

Avec le temps qui coule, on arrive à trouver un style personnel, à découvrir le public et à maîtriser ses propres mains. Les artistes chez nous, se plaignent beaucoup. Ils s’estiment mal compris. Au Maroc, les artistes ne se portent pas bien.

Aujourd’hui, je me consacre surtout à l’étude des formes, de leurs structures… J’étudie les formes générales ou superficielles et les formes imbriquées ou constituantes. Comment des formes construisent d’autres formes ? Voilà la question qui me préoccupe en ce moment.

Tableau

Je fais parfois des plans sur papier, sur bois… mais, je pense que la forme doit être dans la tête et il nous reste à la ressortir sur un support.

Je n’aime pas bien travailler suivant des plans et des croquis. J’aime surtout la spontanéité artistique, la liberté et la souplesse dans l’exécution, en suivant l’exigence du matériau…

L’art réside dans la spontanéité. Je travaille parfois avec le tour mais, la plupart du temps, j’exécute à la main. Ce qui est industriel est trop précis et moins artistique.

Un coin de la maion de Jamal.

Les autres

Un jour j’ai été visité par deux artistes européens : deux Français. Ils ont eu une bonne impression sur moi et ils m’ont encouragé. J’ai été aussi visité par des Allemands, des Italiens, des Espagnols, … Bien des gens qui visitent Figuig viennent chez moi. Je suis aussi mentionné dans des circuits touristiques de Figuig…

Je suis connu sous le nom Jamal « Souvenir de Figuig » car j’écris souvent ces mots dans les petits souvenirs en bois que je confectionne…

Mini galerie !

Expositions

J’ai fait des expositions dans la salle de l’association Nahda avec certains jeunes de Figuig.  J’ai aussi exposé avec des artistes d’ici à Oujda en 2006. Cette exposition, en fait, n’a rien rapporté si ce n’est une présentation de la ville Figuig. Les artistes d’Oujda se plaignaient beaucoup à nous et nous ont conseillé de ne pas y exposer car, selon eux, l’art c’est à partir de Fès qu’il faut le chercher. Il y avait Yahya Kendar et d’autres artistes de Figuig avec moi… Notre exposition n’était pas bien organisée car ce n’était qu’une faveur d’une personne qui nous a donné même une maison pour une semaine. On n’était pas préparé à cela. C’était une demande à la hâte qui nous a été faite. C’était donc une expérience !

Atelier !

Les associations d’ici m’invitent, mais la plupart du temps à Figuig, que ce soit avec la Municipalité ou avec les associations, on ne travaille qu’occasionnellement. Il faut dire que je ne suis que rarement prêt à exposer quand ils me demandent.

L’Association d’At Amer, celle d’At Sliman, celle de Loudaghir, Nahda, la Maison de la Jeunesse, la Municipalité, la Maison de la Culture… tous ceux-là m’appellent mais souvent pour combler un vide, remplir un programme et non pour, vraiment, encourager des artistes.

Je crois qu’un artiste peut faire bien des choses ici même à Figuig malgré l’absence de soutien et de moyens qui empêchent certains d’agir.

Un coin pour réception !

Je songeais à une exposition en plein air : j’ai eu l’idée d’exposer à Ajdir, à Tachroumt, à la palmeraie d’At Ouadday sur un rocher… Il faut peut-être que je demande l’avis des autres artistes.

Art africain ?

Ressources

Je me balade beaucoup pour admirer la nature. L’oeil s’éduque. Je suis obsédé par la recherche d’autre chose.

J’aime bien ma ville et ma région. J’aime bien faire passer le message à tout le monde pour créer un art typiquement d’ici, un art qui émane de cette région… Il faut mettre en valeur l’esthétique locale. J’insiste sur la beauté du local. Je ne travaille qu’avec le bois local et la matière locale. J’ai choisi une maison pleine de poésie, une maison en terre et j’habite à l’intérieur d’un ksar. C’est plein de beauté et de poésie, un ksar ! Je m’y sens très bien dans ma peau. Le point fort des anciens était le contact quotidien avec la nature. Elle a contribué fortement à les éduquer. Ils étaient artistes de nature. Il faut voir leurs maisons, ce sont de véritables chefs d’oeuvre.

Figuig

Le quartier d’At Yimal où je réside se restaure. C’est un très bon acte. Regardez le grand quartier Baghdad ! C’est grand, spacieux, impressionnant mais on peine à y trouver un petit coin où s’asseoir. On construit sans penser à la vie en société. Avant, quand on construisait un ksar, on réservait des coins aux réunions, aux fêtes etc. Aujourd’hui, chacun construit sa maison individuelle, détachée des autres, s’y cache et s’y isole. Cela nous disperse et ne nous réunit pas. C’est une conception très individualiste de la ville !

Aghir n At Yimal (quartier At Yimal) autrefois.

Tableau !

Projets

J’habite une maison ancienne. Ses propriétaires l’ont abandonnée et ont quitté Figuig. Je rêve de l’aménager pour en faire un musée. Je projette de la restaurer pour en faire une maison consacrée aux expositions des oeuvres d’art à la disposition de tout artiste qui voudrait exposer ses oeuvres. Elle sera conçue de façon très artistique. J’ai besoin d’aide financière pour me procurer des matériaux de construction. La main d’oeuvre sera à ma charge : je vais la retravailler avec mes propres mains. Il faut dire que les gens de Figuig m’ont déjà aidé un peu mais si quelqu’un peut m’aider pour ce projet, je réaliserai donc ce grand rêve qui me tient à coeur. Cela ne va pas nécessiter beaucoup puisque la maison est déjà construite…

Restaurer cette résidence pour en faire une maison d’exposition à disposition des artistes est mon rêve.

Lumières !

Sonnez à tout moment

 

Contact

- Téléphone (212)06 58 57 94 97

- Adresse postale :

Abdelhak Jamal Eddine

Derb Beni Jimal

Ksar Loudaghir 61000

Figuig

Figuignews.com 2012



29/06/2012
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