aljama3a assolalya hammam elfougani

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Centre Belkacem Ouazane pour la préservation de la mémoire de Figuig, note de présentation

 

Le centre Belkacem Ouazane pour la préservation de la mémoire de Figuig, construit entre 20 octobre 2011 et 20 avril 2012 dans le cadre du Programme de Réparation Communautaire a comme objectifs de dynamiser le processus de réconciliation nationale, de doter la ville de Figuig d’une structure permanente dans le domaine des droits de l’homme, contribuant ainsi à la consolidation de la cause des droits de l’homme, et de préserver la mémoire collective c’est à dire toute mémoire non individuelle politique, sociale, culturelle, artistique ou autres.

Centre Ouazane, vue de face ph. Figuignews

Par réparation collective ou communautaire, nous entendons le programme destiné aux associations opérant dans des zones marocaines qui ont connu de graves violations des droits de l’homme pendant les années de plomb.Il est financé par l’Union Européenne en partenariat avec le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) et la Fondation Caisse de Dépôt et de Gestion dans le cadre du programme de réparation communautaire des zones touchées par les graves violations des droits de l’homme. Il a connu aussi la participation de l’ONG italienne Africa 70

 

Choix du nom

De par le passé, des personnes ayant eu une importance dans l’histoire locale ont vu leurs noms collés à des lieux publics. C’est ainsi qu’une partie de la place Tachraft de Zenaga a été baptisée Mostafa Yous par l’association Annahda en collaboration avec le Conseil Municipal. Il s’agit de la place qui se situe à côté de la maison de sa famille At Lali près du stade de mini foot. Yous a été condamné à mort le 30 août 1973 et exécuté en septembre 1973. Le nom du célèbre médecin feu Hammou Douttou a été donné à la grande salle d’Annahda. On ce qui concerne le centre de la mémoire, il faut signaler qu’en plus des 250 figuiguis victimes directes des atteintes aux droits de l’homme (décédés, torturés, détenus ou exilés), tous les habitants de Figuig en sont victimes. Toutefois le cas de Belkacem Ouazane est exceptionnel en ce sens qu’il constitue une situation affreuse parmi les graves violations des droits de l’homme.

ph. Figuignews

 

Qui était Ouzane Belkacem

Belkacem Ouazane né en 1924 à Figuig, membre d’une cellule de la Résistance, a été détenu par les colons français en 1948, en 1952 et en 1954. Après l’indépendance, il a été enrôlé dans les forces auxiliaires (mokhazni) comme la plupart de ses compagnons de lutte. Lors des événements de 1973 à Figuig, il a été arrêté et détenu vers le 17 avril. Du centre de détention secret de l’aéroport d’Anfa à Casablanca dit Corbis, il est passé à Derb Moulay Chérif puis de là, il est transféré à la prison centrale de Kenitra. Jugé innocent par le tribunal militaire de cette ville le 30 août 1973, il a été enlevé et depuis il est porté disparu. Il aurait été remarqué au centre secret de Témara, au centre de Tagounit et au centre d’Agdez en compagnie d’autres détenus. Officiellement, B. Ouazane est décédé en prison et sa tombe se trouverait aux cimetières d’Agdez. Sa famille demande toujours de la lumière sur la disparition de ce monsieur. Son dossier n’est pas encore clos.

Documents disponibles, ph. Figuignews

 

Descriptif du centre :

Le choix du lieu Sidi Abdeslam comme siège pour ce centre est proposé par l’association Annahda vu qu’il rappelle un événement très important dans l’histoire de Figuig. En effet cet espace était le local d’un club qui assurait des activités culturelles et artistiques de 1956 au mois de mars 1973. C’était un club d’enseignants dit Nnadi. Mais après les événements qu’a vécus la ville de Figuig vers mars 1973, les autorités ont condamné ce local soupçonné abriter des «malfaiteurs» étant donné qu’il était fréquenté par des intellectuels et des militants de gauche dont la plupart était arrêtés. De même, sa bibliothèque était dégradée et gravement endommagée. Suite à l’oppression généralisée, il était abandonné voir même très maudit et craint. Ce n’est qu’en 1996 que l’association Annahda a pu se rapprocher de ce local en ruine en l’annexant afin d’en faire une suite pour son siège.

Salle de réception, ph. Figuignews

 

L’espace

L’espace est construit en matériaux locaux avec les techniques traditionnelles à savoir la pierre sèche, la terre, l’adobe, la chaux, le bois de palmier (tronc), le laurier rose… pour la préservation du patrimoine bâti local.

Plafond avec laurier rose (alili). ph. Figuignews

Sa superficie est de 80 m². Il a deux grandes salles et un hall. Une de ses salles est destinée à l’administration. Elle est équipée pour accueillir des victimes, des visiteurs, … l’autre est consacrée à la bibliothèque destinée à contenir tous les travaux sur Figuig et sur les années de plomb comme les témoignages des victimes, les DVD, les livres, les brochures, les revues, … Le hall quant à lui, il contient un monument mémorial en marbre où sont gravés plus de 200 noms des victimes des années de plomb de la ville de Figuig (détenus suite aux différents événements qu’a vécus la ville, exilés, martyres…). Ce monument rappellera à la population locale et aux visiteurs les sacrifices consentis par les familles des victimes qui ont lutté pour les droits de l’homme et la liberté dont nous jouissons. Il sera également un témoignage de notre reconnaissance envers toutes les familles pour le passé, le présent et le futur. Par conséquent, le monument rendra aussi hommage à la totalité de la population de Figuig. Le hall est muni de panneaux (plaques signalétiques) dont le contenu résume des événements des périodes des violations des droits de l’homme dans la ville de Figuig durant les années de plomb. Le premier donne une idée sur les arrestations de 1961 et de 1963, le second parle de celles des années 1970 et 1971, les troisième, quatrième et cinquième plaques parlent des événements du mois de mars 1973 (dont le premier groupe de détenus est celui du tribunal militaire de Kenitra, le second celui du lieu de détention arbitraire Corbis, le troisième celui du Corbis et de la prison Sidi Saïd Meknès, le quatrième renseigne sur les détenus qui ont été au Corbis puis à Derb Moulay Chérif, le dernier est celui du groupe d’exilés). Le sixième panneau donne l’idée sur les arrestations du soulèvement de janvier 1984 et les militants estudiantins de l’UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc). Le septième panneau donne l’idée sur l’événement du Msella à Figuig en juin 1985 et celui du lycée de Figuig en 1988.

Mémorial des années de plomb. ph. Figuignews

 

Le suivi

La gestion du centre à savoir la façon, le personnel, le budget, le suivi… est actuellement assurée par l’association Annahda. Le permanent de l’association, monsieur Abdelmajid Elmoussaoui, a bénéficié d’un stage de formation pour la gestion du centre.

Pour ce qui est du délicat problème du budget de fonctionnement, nous essayons de trouver une issue. Nous avons des recommandations d’élaborer un projet dans le cadre de l’IER 2 (Instance Equité et Réconciliation) avec le Conseil National des Droits de l’Homme qui a une rubrique sur l’archivage et la mémoire dont nous pourrions tirer profit.

Panneaux résumant certaines périodes des années de plomb. ph. Figuignews

 

L’accès au centre

Pour l’accès au centre, nous avons organisé une réunion d’évaluation à laquelle ont participé des victimes et des acteurs locaux. Nous nous sommes concertés avec eux et pris en considération leurs suggestions sur la gestion de ce centre ainsi que son ouverture au grand public.

Il sera donc ouvert à tous publics : victimes et leurs familles, chercheurs, curieux, étudiants ou élèves, … Il se consacrera à tout ce qui concerne Figuig : mémoires, écrits, traditions, archives, victimes des années de plomb, écrits sur les années de plomb et des droits de l’homme au Maroc en général…

Appel

Le centre comme structure est maintenant existant. Ce qui manque c’est d’enrichir son contenu. Son noyau de bibliothèque comprend des écrits sur Figuig de 1845 à 2000 (travail de Abdelkarim Saa), quelques publications récentes, des écrits sur les années de plomb, …
Nous attendons d’autres écrits sur Figuig : sur la mémoire de Figuig, ses traditions, ses coutumes, sa culture ou toutes autres choses ou objets qui pourraient constituer une contribution à l’histoire de Figuig et à la mise en valeur de son patrimoine.
Toutes suggestions des lecteurs sur cette structure de la mémoire sont les bienvenues.

 

Par Abdeslam Elkouche

Figuignews 2012



18/08/2012
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