aljama3a assolalya hammam elfougani

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Octobre 1976, un mois fatal pour Figuig

Par cette note, nous comptons témoigner d’un événement auquel nous avons assisté, tout jeune et tout passif en 1976, alors collégien. Cet événement qui a ravagé Figuig et lancé ses habitants dans le chemin de la dispersion et de la disparition. Nous avons également joint des témoignages recueillis auprès de personnes matraquées et maltraitées elles, leurs ânes, leurs vélos et leurs motos. Dépossédés et exclus de leur terre par l’armée dite populaire de cette Algérie en proie aux caprices d’impitoyables dictateurs dont ce fameux Boumediene que nous avions soutenu lors de la guerre de libération de son pays, en hommes, en armes, en abris, en vêtements… Ce Boumediene qui a fini par orienter toute sa haine contre nous, nos bêtes, nos plantes et notre sable comme par signe de reconnaissance !

Taghla, vue vers le sud.

Automne 1976, la récolte des dattes était particulièrement bonne cette année-là. Les fellahs de Figuig s’apprêtaient à couper leurs récolte des palmeraies de Taghla, de Taghit et de Melies dans l’attente de l’ordre de la djemaa qui gérait tout, elle qui conseilla d’attendre un peu, le temps que tout le monde puisse couper en même temps pour ne pas laisser des intrus voler ce fruit précieux.

Un jour, un lundi noir, le deuxième lundi (11-10-1976), de ce terrible mois d’octobre 1976, l’armée de Boumediene envahit la palmeraie de Taghla depuis Ameghrour jusqu’à Ighzer Acherqey avec une sauvagerie qui n’avait épargné ni hommes ni bêtes. Cette armée dite populaire procéda à la chasse aux Figuiguiens de leurs jardins avec des armes et une violence inouïe après les avoir dépossédés de tout, à l’arrestation de certains d’entre eux et à la cueillette des dattes qu’elle achemina vers At Winifen (Beni-Ounif) où elle la stocka. Le Maroc ne réagit pas, il laissa faire une armée enragée, ce qui lui permit de prendre sa revanche sur une population maudite en ces temps de plomb durci. Les gens réclamèrent, personne ne les écouta. Une marche s’organisa, on la mata. On se prépara à organiser une visite (expédition) à Rabat pour se plaindre au roi Hassan II en personne. Le caïd d’alors menaça les organisateurs en ces termes : « nous avons tout écrit au roi ! N’oubliez pas ça et surtout n’oubliez pas que vous allez laisser des enfants et des femmes derrière vous ».

Moi aussi ils m’ont chassé de ma terre comme mon père et mon grand-père et tout le monde ici.

On pensait aussi à aller voir Boumediene qui était très connu à Figuig où il s’abritait lui et ses compagnons pendant plusieurs années mais l’idée fut vite abandonnée vu l’horrible comportement de ce dictateur avec cette population en 1975 et bien avant cette datte.

La région se trouva entre deux feux ou deux ennemis jurés de Figuig : l’armée de Boumediene qui renvoya des milliers de marocains dépossédés de l’Algérie vers le Maroc dont la plaie n’était pas encore fermée et une armée marocaine qui semait la terreur dans cette terre de Dieu depuis 1972 et même avant. Les populations se sentirent non seulement abandonnées par leur propre pays mais surtout entre deux feux ! Les pires qui soient !

Ceci pousse bien là où jadis poussaient des palmiers

Taghit de Figuig, poste algérien plus grand que le port de New-York. Il est construit sur des jardins de figuiguiens après les avoir rasés. ph. M. Fenzar

Taghit vue à l’aide de Google. Il n’en reste rien !

Taghit, la mort commence ici ! ph. M. Fenzar

Comme il n’y a pas deux sans trois, l’armée marocaine procéda au bouclage du peu que l’armée algérienne laissa pour Figuig à Ighzer (Zouzfana). Le territoire restait bouclé jusqu’en 1990. Depuis 1976, l’armée de nos chers frères de religion incendiait à maintes reprises une immense palmeraie pour satisfaire son goût de pyromane. Vers la fin des années 80 du vingtième siècle, un terrible fléau écima une infinité de palmiers qui furent arrosés de produits chimiques algériens. 1993, un feu gigantesque s’empara de toute la palmeraie. Il fut provoqué par l’armée algérienne. 2004, un autre feu de grande envergure acheva le peu qui restait. 2007, des postes militaires poussèrent comme des champignons de la haine autour de Figuig. Janvier 2012, on procéda à la chasse aux derniers gardiens du temple.

Il ne reste plus rien de cette palmeraie à part le grand malaise.

Des centaines de familles furent dépossédées, expatriées, damnées et réduites à une terrible misère. Aucune d’elles n’a été indemnisée ! Pire, le Maroc n’a jamais évoqué, officiellement, ce problème ! Un silence terrible s’est emparé de ce dossier chaud, chaud comme la haine.

Autrefois mur qui servait de barrage d’irrigation d’Ameslou, de Taghla, de Mraji…

Une association visant à lutter pour l’indemnisation de ces populations est morte dès sa naissance ! Le malaise est profond !

Un des nombreux sillons creusés sur un terrain dur par les sabots des ânes à destination de Taghla.;

Tamezzought c’est le même lieu que pour la photo qui suit.

Tamezzought et Sidi Youssef en face, palmeraie complètement rasée !

Les conséquences de ce terrible événement sont dramatiques : exode massif, militarisation de la région, bouclage hermétique de toutes les frontières, désertification accélérée… Même les quelques animaux qui vivaient avec les fellahs ont disparu (lièvre, porc-épic, gazelles, chacals, fennecs, lynx, oiseaux de toutes sortes, …).

Les militaires ont succédé aux fellahs, les caméras ont remplacé les palmiers, les postes militaires ont été édifiés à la place des jardins et la haine pousse là où poussaient autrefois les dattes, les pommes, les carottes, la luzerne, le raisin et…

Nous n’avons plus que des larmes pour te pleurer, notre terre !

Malgré les armes et toutes les exactions, ils n’ont pas pu assouvir leur paranoïa meurtrière. Taghla sous feu.

C’est aussi ça le mérite de nos politiciens ! L’histoire ne l’oubliera pas !

Hassane Benamara

Figuignews.com 2012



23/10/2012
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